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Les ventes d’armes mondiales continuent d’augmenter, la France en 4e position

L’Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri) a publié son nouveau classement de l’industrie mondiale de l’armement. « Les ventes d’armes et de services à caractère militaire par les 100 plus grandes entreprises du secteur totalisent 420 milliards de dollars en 2018, soit une augmentation de 4,6% par rapport à l’année précédente » indique l’Institut, précisant que la Chine n’est pas prise en compte, faute d’informations. Les chiffres réels sont donc plus élevés.

En 2018, 80 des 100 plus grands producteurs d’armes sont basés aux États-Unis, en Europe et en Russie. Concernant les 20 autres :

  • 6 sont au Japon
  • 3 en Israël, en Inde et en Corée du Sud 
  • 2 en Turquie
  • 1 en Australie, au Canada et à Singapour.

Les Etats-Unis restent donc largement en tête, avec 35% du total des ventes d’armes. La Russie se maintient en 2e position avec 8,6% des parts de marché.

Côté européen, le Royaume-Uni est 3e (8,4%), suivi de la France (5,5%), mais alors que les ventes d’armes des entreprises britanniques et allemandes diminuent, celles des entreprises françaises augmentent.

Les ventes d’armes combinées des entreprises françaises sont les 2e plus importantes d’Europe, pour un total d’environ 20,9 milliards d’euros. Dans ce classement mondial, Thales est en 10e position, Naval Group 21e, Safran 31e, Dassault 34e, le Commissariat à l’énergie atomique 47e et Nexter est 83e. A cela s’ajoutent des groupes de coopération internationale, dont l’Etat ou des groupes français sont actionnaires, comme Airbus Group et MBDA. « L’augmentation globale des ventes d’armes des 6 entreprises françaises […] résulte principalement d’une augmentation de 30% des ventes du constructeur d’avions de combats Dassault Aviation » explique Diego Lopes da Silva, chargé de recherche au programme Armes et dépenses militaires du Sipri.

« Vive le Rafale, vive la République, et vive la France »

Lors de sa visite à l’usine de Mérignac après la vente tant attendue du Rafale à l’Egypte en 2015, François Hollande a d’ailleurs prononcé cette phrase « qui demeurera sans doute comme un de ses legs les plus significatifs :  »Vive le Rafale, vive la République, et vive la France » » relève le chercheur Claude Serfati dans Le militaire1.

Dans les derniers rapports au Parlement sur les exportations d’armes, les ministre de la Défense/des Armées se réjouissent d’« excellents résultats ». En 2018 « les prises de commande des industries de défense françaises à l’exportation s’élèvent à 9 milliards d’euros, un des meilleurs chiffres de ces vingt dernières années. » Le rapport 2019 indique « la somme des budgets annuels de défense au niveau mondial est estimée à 1780 milliards de dollars [Ndlr. Environ 1604 milliards d’euros] en 2018, en hausse de près de 5% par rapport à 2017, soit le taux de croissance le plus rapide observé depuis 2008 (Source : IHS Markit Janes) ».

Faut-il le rappeler ? Les armes « ont comme toute marchandise une utilité (« valeur d’usage »). Leur utilisation entraîne de facto une destruction d’êtres humains et de ressources naturelles et environnementales » ajoute Claude Serfati dans son ouvrage.

En 2017, Sipri indiquait déjà que les ventes d’armes dans le monde avaient atteint un niveau record depuis la Guerre froide. Depuis 2002 (année à partir de laquelle des données comparables ont été rendues disponibles), Sipri a constaté une augmentation « de près de 47% ». Les ventes d’armes et de services à caractère militaire ont donc presque doublé en 16 ans. Ces chiffres reflètent les conflits militaires mondiaux en cours mais aussi les politiques des Etats.

« Les interventions militaires et les livraisons d’armes à des régimes qui bâillonnent les peuples ont contribué au renforcement des inégalités sociales et à l’aggravation de conflits dans le monde. […] Les politiques de la France et des autres grandes puissances industrielles et militarisées ont été proactives dans la défense d’intérêts économiques opposés à ceux des peuples, ce sont elles qui ont fourni  »le bras armé » au développement profondément inégal créé par la constitution du marché mondial dominé par la finance » commente Claude Serfati2.

Alors que les dirigeants politiques multiplient les sommets et discours pour la paix, ils poursuivent en même temps cette course aux armements. Cette politique laisse penser qu’ils continueront à mener des conflits et guerres, qui ne pourront que se durcir, se multiplier et s’aggraver dans les années à venir. Faisant toujours plus de victimes.

Lire aussi : Vente d’armes en France : « Pourquoi le gouvernement peut-il faire ce qu’il veut sans en répondre ? »

  1. Editions Amsterdam, 2017.
  2. Ibid et La mondialisation armée, Textuel, 2001.

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Légende de l’illustration : Les Etats-Unis mènent le cortège du 14 juillet en 2017. Source : ministère de la Défense français. 

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Journaliste et co-fondatrice du média Ehko.info.

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