[Pol]itique

Le Triangle, l’Hexagone et les réflexions sur l’identité de Maboula Soumahoro

« Fille de l’Hexagone et de l’Atlantique, mon ascendance, mes origines, mes trajectoires et ma propre histoire m’inscrivent dans l’immensité culturelle, politique et intellectuelle de l’Atlantique noir, un espace géographique profondément façonné par l’Histoire […]. Cet espace « triangulaire » a mis en relation de manière inédite et pérenne trois continents : l’Europe, l’Afrique et les Amériques. Il englobe donc la Côte d’Ivoire et l’Afrique de mes parents, de même que l’Hexagone, mon lieu de naissance et de résidence actuelle après de nombreuses années passées outre‑Atlantique, où je me suis construite intellectuellement. Chaque espace possède néanmoins sa lecture particulière du corps et de l’expérience noirs. Je propose la mienne. En conversant avec la grande et les petites histoires, mais également avec la tradition intellectuelle, artistique et politique de la diaspora noire/africaine » ainsi l’enseignante-chercheuse Maboula Soumahoro débute son premier ouvrage Le Triangle et l’Hexagone. Réflexions sur l’identité noire (La Découverte, 2020).

Dépasser les obstacles

Plusieurs obstacles fondamentaux se sont dressés devant elle lors de l’écriture de cet ouvrage volontairement hybride, mêlant autobiographie et recherche. D’abord la langue d’écriture. « La langue anglaise m’a été si pratique. Pour moi, elle ne contient aucune des charges émotionnelles qui se trouvent dans le français et le dioula. » Mais il s’agissait d’écrire pour une maison d’éditions française, pour un public français et francophone. « Je n’ai qu’une langue et ce n’est pas la mienne » emprunte-t-elle à Jacques Derrida, « entre la langue française et moi‑même, il y a une histoire riche et complexe, internationale, splendide et douloureuse, silencieuse, oubliée, ou tout simplement niée. » Précision utile, « c’est de cet ensemble d’éléments que provient le titre de cet ouvrage ».

Autre obstacle : son positionnement. « Quel est le rapport entre le vécu et la production d’idées ? » s’interroge la chercheuse, qui déploie la réponse tout au long des pages. Maboula Soumahoro a opté pour le « je » – ou le « je », par le truchement de l’Histoire, a opté pour elle. « Personnellement, je n’ai tout simplement pas le loisir de pouvoir me désincarner et penser de façon complètement détachée le monde, les sociétés, les populations. » Mieux, pour elle, « cette utilisation assumée » devient « une forme de courage et d’audace » d’autant que « Mon identité noire, dans le contexte hexagonal, me place en position de personne dominée dans un pays dominant. La nuance est de taille et implique la nécessité de « créer dangereusement » […]. »

Comme d’autres dont elle cite le parcours, l’universitaire « constitue [son] objet d’étude ». Elle tranche alors : « je suis une femme noire française » et « l’autobiographie […] permet de situer, de se situer et de dévoiler sa perspective » car« L’universalisme n’existe pas. Il est lui‑même situé » lance-t-elle à celles et ceux qui pensent ne pas devoir passer par cette étape.

Créer les Noirs et créer les Blancs

La docteure en civilisations s’attaque ensuite à définir « la diaspora » et le contexte de création des « corps et vies des Noirs », sujets au coeur de ses travaux de recherche. Pour ce faire, elle revient sur « le projet colonial de l’Europe occidentale qui s’est développé à partir de la fin du XVe siècle et qui a donné lieu à des explorations, des conquêtes et à l’asservissement de populations jugées barbares et envisagées uniquement à travers le prisme d’une altérité […]. »

Ainsi, « dans un tel contexte, l’histoire, la culture, la religion, l’enseignement, la loi ont chacun façonné le corps et les vies noirs. Ceux‑ci évoluent dans des sociétés grandement hiérarchisées au sein desquelles ils occupent le bas de l’échelle sociale, politique et économique. […] Il ne s’agit pas d’essence ou de biologie, mais de fabrication et de construction. »

Au moins « 12 millions de personnes africaines [furent] déplacées dans le contexte de ce commerce triangulaire qui s’est déroulé du XVI au XIXe siècle ». Cette entreprise intrinséquement violente, bouleversant l’histoire du monde et n’offrant aucun possible retour en arrière donnera lieu à la rencontre entre trois continents : l’Europe, l’Afrique et les Amériques.

Surtout, de là naîtront « les identités » «noires » et « blanches ». La particularité de « ce commerce inédit dans l’histoire de l’humanité » est que « l’esclavage colonial est le seul qui ait inscrit dans les corps un nouvel ordre sociopolitique. C’est cet ordre que révèlent les identités noires et blanches, créées simultanément et en opposition maximale.» A ceux qui répondraient que cette histoire appartient au passé, la chercheuse rétorque « Cette grande histoire a, en outre, produit la mondialisation dans laquelle nous continuons d’évoluer. Dans un tel contexte, le personnel et l’intime s’entrelacent au politique, au public. » Et « Le passé, d’ailleurs, explique le présent.»

« Les identités noire et blanche sont nées au même moment historique. L’une n’a jamais existé sans l’autre »

Raconter les histoires, raconter l’Histoire 

Nommée par décret membre officiel au Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, Maboula Soumahoro a longuement travaillé sur ces questions. Et si contrairement aux Etats-Unis, la France n’est pas vue comme un pays esclavagiste, « le territoire qui allait devenir les États‑Unis d’Amérique à partir de 1776 n’a reçu qu’entre 5% et 7% du nombre total d’Africains déplacés de l’Afrique vers l’Amérique. Les États‑Unis ont très tôt fait le choix d’encourager et d’organiser l’accroissement naturel de leurs esclaves plutôt que d’importer de manière constante de nouveaux esclaves africains, à la manière de la colonie française de Saint‑Domingue. Il en coûta énormément à la « perle des Antilles » française. » 

Comment raconter ce passif ? « Parmi les archives historiques […], rares sont celles qui proviennent directement des enfants, des femmes et des hommes qui ont été réduits en esclavage. Les histoires et l’histoire rédigées sur la base de ces archives dont la valeur scientifique est reconnue et acceptée comme socle constitutif de la discipline académique ne peuvent que refléter les versions des groupes dominants […]. Lorsqu’il s’agit de la diaspora noire/africaine, l’approche scientifique traditionnelle se révèle – de facto – tout à fait insuffisante et incomplète […]. Cette histoire particulière se transformerait donc en simple « mémoire ». »

Qui peut alors retracer cette histoire ? Elle ? Aux Etats-Unis, elle découvre « un nouveau monde ». « Je n’avais jamais été exposée à une si grande diversité au sein du corps professoral. Cela fut un choc. Heureux. Des professeurs spécialistes de la diaspora africaine s’émerveillaient de rencontrer une « Soumahoro » […] il ne s’agissait plus de devoir épeler [mon nom] à maintes reprises ou à reprendre sur sa prononciation, comme cela arrivait si fréquemment en France. »

Choc culturel

Forte de cette expérience, Maboula Soumahoro « Noire et musulmane » veut consacrer sa thèse à des sujets liés au « nationalisme noir » et à « l’islam ». De retour au sein de son université française, elle sera accusée de… racisme « Quel sens cette accusation de racisme revêtait‑elle dans un pays aveugle à la race […] ? Je devenais une Noire qui étudiait des Noirs. […] Il y avait comme un danger à contenir. »

Elle qui a « toujours été boursière à l’échelon le plus élevé », « a travaillé en plus de ses études  » comme « femme de ménage » notamment, sera-t-elle forcée de renoncer ? Au « Pays des Lumières » où la connaissance est encouragée, le savoir valorisé, l’avance dans la réflexion vantés, elle buterait sur de tels blocages ? La culture française qui se targue de son avance sur le reste du monde serait en retard, y compris comparé à la culture américaine ? « J’étais consciente que j’avais peu de chances d’obtenir une bourse doctorale. Cela ne changeait rien ni à mes compétences ni à ma motivation car j’avais grandi pauvre, voire dans une extrême précarité […]. D’un point de vue socioéconomique, je n’avais absolument rien à perdre et tout à gagner. » Elle ne renoncera pas.

Cette problématique du financement de ses études dépasse le propre parcours de l’étudiante d’alors. Le choix des sujets qui permettent un financement aboutissent à une reproduction des chercheurs et des idées. L’université sert à policer, aussi, et limiter les idées et in fine la réflexion autorisée au sein de la société. « La France et les États‑Unis ont en commun une histoire esclavagiste et impérialiste. Pourquoi les chercheurs français qui se sont consacrés à la question raciale aux États‑Unis ne peuvent‑ils pas en faire de même sur le territoire où ils vivent et exercent ? »

Ce qu’elle a vécu dans le cadre universitaire, la maîtresse de conférences le vit également dans les médias français, où elle intervient depuis 2012. Des personnalités qui sont loin d’avoir son parcours osent remettre en cause son statut, ses compétences, ses diplômes… Elle reçoit également des messages d’intimidation, des caricatures racistes et des menaces, jusqu’à son université ou son domicile…

« A chaque nation son Noir »

Si Maboula Soumahoro a été formée aux Etats-Unis, son analyse reste lucide et surtout utile : en France on n’a pas de difficultés à voir les dynamiques, y compris raciales, en jeu aux Etats-Unis quand dans le même temps on les nie en France et dans tous les territoires français… « N’allez surtout pas penser qu’il s’agirait pour moi de dresser ici un portrait idyllique des États‑Unis […]. Cependant, les Amériques constituant le lieu du crime originel et l’espace racialisé par excellence […], nul évitement n’est possible ni même envisageable. Le cas de la France apparaît donc comme bien différent avec sa dichotomie qui sépare l’Hexagone de ses nombreux territoires « d’outre‑mer ».»

Justement, « l’Hexagone » pose problème, constate Maboula Soumahoro « car il a le tort de ne renvoyer qu’à la partie européenne de la France. Ce terme rend ainsi invisibles des territoires qui peinent ou parfois refusent eux‑mêmes d’en faire partie intégrante […] disséminés à travers le monde […]. La France, lorsqu’elle est appréhendée dans sa réelle globalité, s’inscrit pleinement dans le commerce triangulaire, dans une histoire coloniale et impérialiste. » Pourquoi ce point est fondamental ? A cause de son impact :

« Qu’a donc mis en place et en œuvre cette histoire moderne si ce n’est la catégorisation raciale ancrée dans les corps ? »

En effet, « à la fois post‑ et néocoloniale, la République fonctionne sur un ensemble de hiérarchies qui s’entremêlent au niveau de la classe sociale, de la catégorisation raciale et du genre. En son sein sont à l’œuvre de nombreux processus de racialisation qui ont un effet sur l’ensemble de la société. Qu’ils touchent de manière visible ou invisible, favorablement ou défavorablement, ces processus concernent tous les groupes en présence, même si, parmi ceux‑ci, celui qui domine possède le privilège de l’invisibilité et de la normativité. […] Les êtres humains que nous sommes avons tous été forcés de manière organisée à habituer le regard que nous portons sur nous‑mêmes et sur les autres à reconnaître la race et le phénotype. Sans aucune valeur biologique, ces catégorisations sont toutefois d’une puissance extrêmement importante. […] Nier l’existence et les injustices vécues […] fait partie du problème français actuel. » Tout cela, Maboula Soumahoro l’a compris aux Etats-Unis.

Devenir Noire

En France, « il fallait que je m’explique. Que j’explique ma présence. Que j’explique le fait que j’étais Noire […] » aux Etats-Unis « je me suis définie comme française et on m’a crue ». Au moment où elle devenait volontairement Française, elle devenait également et tout aussi volontairement noire. « De mon plein gré, je suis enfin devenue noire aux États‑Unis, c’est là‑bas que m’a été inculquée une certaine fierté raciale. […] Devenir noire reposait alors sur un acte de solidarité politique, sur un ancrage transnational culturel et intellectuel. J’étais ainsi ancrée dans cet espace Atlantique. Historiquement. Mais je l’avais également décidé. Ce détour par les États‑Unis m’avait révélé l’invisibilité de mon expérience française et mon ambivalence vis‑à‑vis du pays […]. » Celle qui est comparée à Rama Yade et Sibeth Ndiaye – bien qu’elles n’aient aucun autre point de ressemblance que leur couleur – réalise aussi avec douleur qu’elle a, comme les Noirs américains « perdu l’Afrique » et questionne l’attrait pour « l’Afrique fantasmée »… Mais « l’’éloignement avait permis ce retour sur moi‑même. Étudier les Noirs des Amériques me poussait à en faire de même avec les Noirs de France. […] Après ces dix années, mon retour au pays natal fut compliqué. Je quittais un espace dans lequel la race est visible, voire hyper visible, à celui d’un aveuglement inouï ». Alors que « la France est aussi noire ».

Maboula Soumahoro publiera son premier article dans une revue américaine, fruit d’un travail de terrain à Clichy‑sous‑Bois après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré dans le cadre d’une intervention policière, avec Trica Keaton, une collègue africaine‑américaine. « Il revenait sur les événements de l’automne 2005 et proposait, à partir de paroles tirées de productions rap depuis les années 1990, une analyse d’un contre‑discours qui englobait l’ensemble des problèmes qui avaient surgi en terre française hexagonale et constituaient le cœur du discours public relatif à la banlieue […] : répression, sûreté nationale, rôle des forces de l’ordre, violence policière, rôle de l’école, échec scolaire, chômage, racisme et discrimination, exclusion sociale, précarité, immigration, impossible assimilation, limites de l’intégration, islam, spécificités culturelles, poids de l’histoire, amnésie coloniale. » « Les événements de 2005 » tout comme le parcours de la jeune femme illustrent d’ailleurs l’ambivalence de la France, qui prône une politique d’intégration et d’assimilation, mais applique une politique qui ne permet ni d’intégrer, ni d’assimiler…

Cette année-là, « le débat public avait atteint les limites de l’aveuglement à la race » constate la chercheuse. Pourtant, reste à réellement sortir de cet aveuglement volontaire et en finir avec « la charge raciale » prévient-elle.

Abolir la charge raciale

« En tant que personnes défavorablement racialisées, il nous revient la tâche épuisante d’expliquer, de traduire, de rendre intelligibles les situations violentes, discriminantes ou racistes. Notre responsabilité est double : endurer, puis délicatement trouver un dénouement heureux aux agressions et injustices, petites ou grandes, subies. En tant que personnes défavorablement racialisées, il nous revient de gérer et de rassurer la classe dominante et les membres qui la composent. […] Ce confort dont jouissent les dominants doit être maintenu à tout prix [mais] n’est plus viable. » Cette question de la charge raciale lui paraît « centrale dans notre gestion de la société française actuelle ». Et sa « tentative d’explication » doit être « l’ultime », « parce que les explications, de même que les démonstrations n’ont cessé d’être fournies et produites depuis des siècles. »

Dès lors, il s’agit de répondre à l’interrogation : « à quoi sert la négation de la race ? » « Cet acharnement et cette détermination à nier et rejeter la réalité raciale révèlent les relations de pouvoir et les privilèges qui se jouent autour des processus de racialisation. » Elle balaie la réponse souvent opposée « depuis les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, la négation de la race a pour fonction de garantir justice et égalité tout en prémunissant de nouvelles dérives discriminatoires et génocidaires » : « À de tels arguments, il est aisé d’opposer ceux qui s’appuient sur l’histoire et la chronologie des horreurs perpétrées par la France, en tant qu’État‑nation : celles‑ci n’ont pas débuté au XXe siècle. Celles‑ci n’ont pas été confinées aux terres hexagonales ou européennes ». Alors pour elle, c’est clair « il est temps de sortir de l’Hexagone, d’envisager le Triangle. Et le reste du monde. »

Et la fin du livre sonne comme un manifeste. « La vision de la France constamment mise en avant est celle d’une nation séculaire, détentrice de valeurs et traditions fondamentales qui lui sont propres et dont l’ancienneté constitue le soubassement de la légitimité. Nous nous appuyons également sur ce passé français, notre vision en est tout simplement critique, radicalement différente et, surtout, élargie. Et nous nous autorisons cela parce que nous sommes chez nous en France. »

L’ouvrage s’est ouvert et se ferme sur la personne pour mieux explorer le monde. Maboula Soumahoro reprend le pouvoir sur sa narration, sur la narration du monde. Et conclut par une nouvelle interrogation : « Depuis 1619 et l’arrivée des premiers Africains, destinés à devenir esclaves, dans la colonie de Jamestown, en Virginie, encore britannique et bientôt étatsunienne ; depuis 1939 et le lumineux Cahier d’Aimé Césaire, fruit des circulations martiniquaises, parisiennes et croates du poète‑homme politique : que s’est‑il passé au sein de ce Triangle et de cet Hexagone ? Ou plutôt, que ne s’est‑il pas passé ? »

Les identités

Par son travail de recherche, Maboula Soumahoro s’est finalement cherchée elle-même et semble s’être trouvée. Dans ce livre, à travers les allers-retours constants entre son histoire et l’Histoire, elle donne à voir une réflexion profonde que seule l’agrégat de toutes ses dimensions – femme, Noire, musulmane, chercheuse – peuvent offrir.
Universitaire, elle pose des questions, parfois rhétoriques, pour pousser à la réflexion ; pèse et sous-pèse chaque mot, notion, idée, concept, thèse, théorie… Transparaît alors dans son travail sa démarche scientifique, exigeante et rigoureuse. Et son habitude d’explorer en profondeur ses sujets.

Maboula Soumahoro creuse les différentes couches de l’identité, avec timidité au début de son parcours puis en profondeur. La fatigue, l’épuisement, la colère, la souffrance parsèment la route des individus non-Blancs qui empruntent ce chemin vers eux-mêmes et le monde. Avec eux, elle tend aujourd’hui un miroir à la France et aux Français, particulièrement à celles et ceux qui dominent les récits. La confrontation est nécessaire. Par ses questions, elle démontre également que tout reste à faire et interroger.

Mais par qui ? L’Histoire définit les Blancs, comme les Noirs ils sont « racisés », mais quand les premiers sont racialisés positivement et tirent tous les bénéfices de la race, c’est l’exact inverse pour les derniers. A l’échelle de la France et du monde dans son intégralité. La société française serait-elle arrivée au point de non-retour, qui la forcerait à laisser sortir les fantômes des crimes originels du placard et regarder en face la situation ? Probablement, et c’est ce qui explique que la résistance est d’autant plus forte.
Il ne faut pas laisser une goutte de cette réflexion ruisseler, cette brêche s’ouvrir, de peur du torrent qui en découlera. Surtout pas par des universitaires taxés de « militantisme » pour leur dénier le droit à la réflexion. Celle qui est présentée comme « militante » malgré son impressionnant et rare CV et parcours, aurait-elle été désignée autrement si elle n’était pas Noire ? Se serait-on vanté du parcours de cette Française aux Etats-Unis ? Se serait-on arraché sa présence dans les milieux médiatiques et universitaires ?

En dioula, la langue de ses aïeux, le prénom Maboula signifie « celle qui ouvre la voie » ou « celle qui montre le chemin ». Avec ce livre, Maboula Soumahoro a creusé au fond d’elle, de son histoire, de son vécu pour en extraire celle de la France et des Noir.e.s. Et pose les questions qui s’imposent, pour ouvrir la voie, montrer le chemin vers un débat central que la France, entre autres, ne peut plus contourner.

Lire aussi « La question raciale structure tout » : interview de Maboula Soumahoro, civilisationniste

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Journaliste et co-fondatrice du média Ehko.info.

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