[Pol]itique

Le macronisme est-il un autoritarisme ?

[Les chiffres sont vertigineux]. Selon le ministère de l’Intérieur, du 17 novembre au 1er février, il y a eu 9228 tirs de lanceur de balle de défense (LBD), 243 signalements à l’Inspection Générale de la Police Nationale et 116 enquêtes ouvertes. Le Canard enchaîné a aussi révélé que selon les instructions du Parquet, un manifestant interpellé, même par erreur, sera obligatoirement fiché au Traitement des Antécédents Judiciaires. Le TAJ, nouveau dispositif de fichage des opposants politiques ? Autre instruction du Parquet, les magistrats ne doivent lever les gardes à vue que le samedi soir ou dimanche afin d’empêcher que « les intéressés grossissent à nouveau les rangs des fauteurs de troubles ». Atteinte au droit de manifester ?

Puisqu’il faut bien un mot valise qui emporte plus qu’il ne pose, « dérive » est le mot qui est revenu pour qualifier ces faits non exhaustifs. Dériver. Littéralement « se détourner d’un cours d’eau ». Aller à contresens, et non suivre sa pente naturelle. La crise sociale que traverse la France est tout autant une crise politique, une crise de légitimité et une crise sociale. Mais les réponses qui lui sont apportées, à coup de lois sécuritaires, violences policières et déni de légitimité de cette colère, ne sont en rien un accident. En rien une fébrilité ou un amateurisme politique. Elles étaient prévisibles car elles correspondent à des tendances lourdes, des évolutions sourdes et souterraines. D’abord du pouvoir selon Emmanuel Macron. Ensuite d’une culture du maintien de l’ordre à la française. Enfin d’une évolution des sociétés modernes qui entérinent ainsi l’essoufflement puis la fin de l’Etat-providence, au profit de l’Etat sécuritaire.

Aux racines flottantes du macronisme

La séquence potentiellement révolutionnaire que traverse la France est en train d’être transformée en instant insurrectionnel par la gestion sécuritaire qui en est faite. On s’étonne qu’un président en arrive, après 13 semaines de manifestations, à déclarer froidement qu’il est « derrière les forces de l’ordre ». Les visages éborgnés, yeux énuclées, pieds et mains estropiés témoignent pourtant d’une situation grave. Loi du Talion revisitée, œil pour Flash-Ball, pied pour grenade de désencerclement, droit de manifester pour LBD.
On a pu s’étonner, çà et là, du refus par les autorités de reconnaître les excès et dérives de la police. Mais tendons l’oreille et considérons ce refus non pas comme un déni, mais comme une réelle affirmation. Il n’y pas d’excès de leur point de vue mais une normalité, un tropisme sécuritaire assumé.

La gestion de cette crise sociale semble aussi « disruptive » que l’a été la campagne d’Emmanuel Macron. Disruptifs, comme le sont ces décharges électriques qui produisent étincelles et qui laissent au final désorientés. Disruptifs comme le sont la politique sociale et économique du gouvernement Macron, ces petites phrases égrenées par un enfant-roi fier de ses saillies. Disruptif comme l’est son programme en rhétorique ectoplasmique, le fameux « en même temps », censé faire la synthèse de deux propositions apparemment opposées. Ni gauche, ni droite, mais les deux, mais aucune des deux, bien au contraire. « Vendu » (comme on vendrait une savonnette bébé Cadum) pour libéral sur les questions économiques et libertaire sur les questions de société, la réalité du pouvoir macroniste est libéral sur l’économie et sécuritaire sur le reste.

Pour comprendre, il faut revenir sur les conditions qui ont amené Emmanuel Macron au pouvoir. Si la Vème République a voulu faire de l’élection présidentielle la rencontre d’un homme et du peuple, pour Emmanuel Macron, jamais cela ne fut plus éloigné de la réalité. Et cela a tout à voir avec cette « dérive » autoritaire qui le porte désormais. Synthèse avenante et au visage lisse de la doxa social-libéral ambiante, europhile, atlantiste et soft libéral, il avait été érigé en barrage d’un Front national pourtant tout autant cajolé de la main droite par certains médias. Un chemin d’éditorialiste qui lui fut aisé et balisé. Une lente montée en présence, puis en omniprésence médiatique avec la création des limbes d’un parti qui s’est vite avéré une coquille vide.

Car Emmanuel Macron est d’abord le « faux authentique » selon la géniale formule d’Umberto Eco. Emmanuel Macron est une accumulation d’imitations. Zelig énarque, portant le costume à fines rayures dites « rayures de banquier » dans ses années Rothschild. Puis le costume de jeune star montante, costume étroit et cravate fine. Puis désormais l’habit neuf et peut-être trop grand de président. Lycéen, il montait des pièces de théâtre où il se donnait souvent le premier rôle. De cette théâtralité il a pu dire :  « Évidemment qu’il y a quelque chose du théâtre dans la vie et réciproquement (…). Le processus de civilisation et la vie en société d’ailleurs font qu’on adapte à la personne en face de nous ce qu’on est en train de dire. On cherche à éveiller tel ou tel intérêt on telle ou telle réaction chez elle. Donc il y a ce caractère de représentation dans la vie au quotidien. Quand j’entends les uns ou les autres dire que c’est de la communication ou du théâtre, oui gros ballot, toi aussi ta vie c’est ça ». (Envoyé spécial : « En marche vers l’Elysée »). Pourquoi s’étonner dès lors que la vaste « consultation » promise aux Français n’échappe pas à ce que lui-même théorisait ?

On a dit d’Emmanuel Macron se voulait un président « jupitérien », distant, impénétrable, foudroyant. Mais dans le panthéon olympien, il serait plutôt Hermès, le juvénile dieu aux pieds ailés, volatile et charmeur. Messager des dieux, se plaçant toujours aux carrefours, protecteur des voleurs, des orateurs… et du commerce. Sa campagne a ainsi été une vaste publicité pour un produit. Dans No logo : la tyrannie des marques (Actes Sud, 2000), la journaliste canadienne Naomi Klein montre comment le « branding » (ou marketing des marques) a totalement inversé l’ordre des productions donc du sens. Dans un mode de marques entendues comme valeur symbolique, le produit est secondaire par rapport à sa signification, laquelle est construite par la publicité. Emmanuel Macron est ainsi un candidat Logo. Le produit n’était pas le programme, mais bien lui-même. Seulement lui-même.

D’ailleurs son élection a-t-elle réellement eu lieu ? La question s’entête tant demeure l’impression d’avoir surtout assisté à la validation électorale donc légitimante, d’une sélection qui s’est faite bien en amont. Voilà pourquoi peut-être Emmanuel Macron surjoue en volontarisme légitimant. Qu’il commence ses discours par « je veux que », qu’il remonte les Champs Elysées en voiture militaire, qu’il donne du « les enfants » à des têtes chenues ou qu’il mène cette politique sécuritaire.
Puis une fois élu, l’infant cathodique a pu aussi jeter le trouble : remarques méprisantes sur le service public, sur le travail des journalistes, nomination de journalistes complaisants à la tête de médias, mise au pas des journalistes lors de déplacements officiels, loi bâillon sur le secret des affaires, loi anti-fake news aussi liberticide qu’incompréhensible dans son énonciation…
Les coups de boutoirs d’Emmanuel Macron ont fait frémir la forteresse des corps constitués, les équilibres étatiques. Caporalisation du régime parlementaire avec des députés inexistants qui font de l’Assemblée nationale une chambre d’enregistrement docile. Puis armée humiliée via son Primus inter pares, le général De Villiers. Médias sermonnés qui, avec la perquisition de Mediapart, ont compris peut-être enfin que quelque chose pourrissait au royaume de France. Reste la police que l’Etat cajole encore. Mais les difficultés de vie des Gilets jaunes sont tout autant celles des policiers ou de leurs proches.

La nature du pouvoir macroniste l’amenait donc naturellement à un pouvoir d’imposition. Pente naturelle, effet de compensation à sa dimension hors-sol et artificielle. Programmatique qui le fait défendre les intérêts, non pas de ceux qui l’ont élu, mais de ceux qui l’ont porté au pouvoir. Une verticale autoritaire qui ne peut aller que vers toujours plus de sécuritaire. Même cette idée de référendum qui se profile participe de ce tropisme autoritaire. Car il s’agit là d’une sortie plébiscitaire qui ne sera en rien une réponse politique aux questions posées par les Gilets jaunes.
Emmanuel Macron a été aussi élu pour « faire barrage ». La question désormais est qu’a fait Emmanuel Macron que n’aurait pas fait Marine Le Pen ? Qu’arrivera-t-il si cette dernière arrivait au pouvoir ? Elle trouvera un arsenal juridique prêt à l’emploi, des corps constitués mis au pas. Mais pas par elle. On ne pourra guère lui reprocher de tout simplement appliquer des lois liberticides qu’elle n’aura pas fait voter. L’argument légaliste serait alors pleinement recevable.

L’autre question que pose cette crise sociale est celle de la légitimité. Pas celle d’Emmanuel Macron qui a été élu selon les règles. Mais tout simplement la légitimité de son programme. C’est là précisément que se situe le hiatus démocratique puisque le vote s’est porté contre Marine Le Pen. Pas sur l’application de ce programme. Ce dernier, faute de réelle adhésion démocratique, ne pouvait être appliqué qu’en marche… forcée.

Architecture sécuritaire

C’était le 1er mai 2016. Boulevard Voltaire. En pleine contestation de la loi Travail dite loi El Khomry. Une manifestation paisible, père aux enfants perchés sur les épaules, poussettes, couples jeunes et moins jeunes, étudiants, syndicalistes. Soudain le cortège stoppe. Au-devant, 10 lignes de CRS, groupe compact immobile et surarmé. Puis pleuvent du ciel, jusque-là serein, gaz lourd et armes légères. Assourdissantes. Suffocantes. Panique. Des « pitié, j’étouffe », pleurs et cris sont entendus. La foule, acculée, se terre près d’un mur. Un CRS passe, matraque agile qui détache avec brutalité les mains qui s’appuyaient contre le mur salvateur. La nasse durera 20 minutes. Et cessera avec la même soudaineté qu’elle avait commencé.

C’était lors d’une manifestation des Gilets jaunes. Une vidéo circule. Images glaçantes de membres de la BAC tirant aux Flash-Ball. Cris de joie de mettre dans le mille de manifestants si visibles dans leur jaune fluorescent. « Dans ta gueule », « fils de p*** ». L’un des fonctionnaires criera « a voté » après que son tir a atteint un manifestant. Culture particulière de la BAC. Cette même BAC qui a pu intervenir lors de ces manifestations sans signe distinctif qui indiquerait leur fonction donc leur autorité. Or, comment poursuivre pour violence à agent s’ils ne sont pas distincts des autres manifestants ? Et comment les identifier s’ils commettent des violences disproportionnées ?

Quoi de différent entre ces deux scènes, l’une sous la présidence Hollande et l’autre sous celle d’Emmanuel Macron ? Rien, sinon que ce qui était en prémices s’est confirmé. C’est là expérimentation et crispation autour d’un nouveau type de maintien de l’ordre. Au final, Emmanuel Macron ne fait qu’accentuer ce qu’il a vu se faire dans le gouvernement Valls. Mais c’est aussi une violence programmatique qui plonge loin ses racines. Continuum de l’école française de maintien de l’ordre qui est moins culture de la violence que culture de la non-maîtrise de la violence par croyance en l’effet dissuasif des violences.

Voyez la loi dite anticasseurs. Loi que les juristes les plus prudents considèrent comme une dangereuse loi liberticide. Pour Christophe Castaner, c’est une « loi anti-brutes » qui ne serait pas « de circonstance mais de protection ». Le ministre de l’Intérieur ajoutera que « si la loi était respectée, il n’y aurait pas de blessé », faisant ainsi de tout manifestant blessé un délinquant en puissance.
Cette loi ajoute à l’architecture sécuritaire. Dans cette programmatique, l’état d’urgence a constitué un vrai basculement. Il a imprégné le droit de cette démesure préventive voire prédictive des infractions. Ce n’est plus l’acte qui doit être puni mais l’intention. En risque zéro intenable et inefficace car il s’agit moins de constater une infraction que de la prévenir.
Se note aussi une convergence qui permet le transfert de pouvoir de l’autorité judiciaire vers l’autorité administrative. La séparation des pouvoirs s’en trouve sapée et une forme d’absolutisme de l’exécutif se dessine. Un coup d’Etat juridique feutré, d’autant plus inquiétant qu’il est pointilliste, en touches successives de lois. Toute la question est comment le conseil constitutionnel fera jurisprudence sur cette loi anticasseur. Avec l’espoir qu’il sanctuarise le droit de manifester en l’érigeant comme un droit constitutionnel.

Voyez encore. 2014, Sivens, mort de Rémi Fraisse, qu’une grenade offensive tirée par un gendarme mobile tuera. Puis gestion des ZAD telle celle de Notre-Dame-des-Landes. Cela fut aussi l’occasion d’une gestion ultra-sécuritaire et offensive de la part des autorités. Puis la loi Travail et la COP 21. Là encore, usage de grenades de désencerclement et de gaz lacrymo. Comme s’il en pleuvait. Profitant par effet d’aubaine des dispositions de l’état d’urgence, des personnes furent perquisitionnées, empêchées d’aller manifester, arrêtées aussi alors qu’il n’était pas possible d’identifier leur participation aux faits qui leur étaient reprochés. Cet état d’exception, par capillarité sourde, permet désormais de traiter toute question sociale comme une question sécuritaire et toute question sécuritaire dans l’esprit et avec les moyens de la lutte antiterroriste.

En 2005, il y eu deux adolescents carbonisés dans un transformateur électrique car fuyant le contrôle de membres de la BAC. Cette fameuse BAC sur-mobilisée désormais, par manque d’effectifs, durant les manifestations de Gilets jaunes. Mais leurs méthodes, jusqu’alors réservées aux habitants des quartiers populaires, débordent désormais vers d’autres catégories sociales. Extension du champ de la répression vers ceux qui se croyaient à l’abri. D’où l’incrédulité perceptible qui se décèle devant les violences policières. Et devant cette incrédulité naïve, exaspération des militants contre les violences policières qui s’époumonaient dans le désert de l’indifférence médiatique, soupçonnés d’exagérer, d’être de parti pris ou d’être dans la « victimisation » larmoyante. Fallait-il forcément s’appeler « David » ou « Pierre, Paul, Jacques » et non « Sihame » ou « Mohamed » ou « Babacar » pour être enfin audible sur ces questions ?

Cette archéologie sécuritaire de la Vème République pourrait s’égrener encore longtemps. L’observation de l’évolution du maintien de l’ordre permet de se situer sur les lignes de fractures de toute société, comme pour mieux en déceler les failles et impensés. Point d’observation idéal qui laisse entrevoir la gestion sécuritaire et violente des mouvements sociaux comme la continuation de la politique par d’autres moyens. Moyens qui ne sont précisément pas politiques.

Le nouveau monde, capitalisme et lois sécuritaires

S’éloigner de l’ornière française et tenter d’ordonner les faits en un paradigme qui pourrait convenir aux sociétés qui mêlent démocratie libérale et système économique redistributif. Ce modèle, généralisé après la seconde guerre mondiale, a choisi de corseter le libéralisme économique par deux-gardes fou : l’Etat-providence et l’Etat de droit. En France, cela s’est cristallisé par exemple dans le programme du Conseil national de la Résistance.
Le déclenchement de la crise des Gilets jaunes a été la réaction devant le travail de sape de l’Etat-providence qu’est au fond le programme d’Emmanuel Macron. La réaction des autorités a été la lente élaboration d’un appareil sécurito-étatique (plus qu’étatico-sécuritaire d’ailleurs), qui tend à faire coïncider parfaitement l’appareil administratif avec l’appareil judiciaire. Tout cela aux dépens de l’Etat de droit.

La violence étatique est d’abord là pour compenser une fragilité politique. La puissance publique se trouve clairement dépossédée de ses outils de politique économique et sociale, notamment par la construction européenne et la mondialisation. Le champ d’action de l’État ne peut que se replier sur les questions sécuritaires. Le pouvoir politique trouve aussi dans les lois sécuritaires un moyen d’exister politiquement. Ces mesures ont pour fonction, outre de légitimer l’action publique, de permettre la dépossession des moyens d’actions militantes des catégories sociales qui sont les premières victimes des politiques économiques. La seconde utilité des mesures sécuritaires est de construire un arsenal juridique qui contiendra, voire empêchera, toute contestation de la politique économique. Une machine de répression qui vise à faire oublier que ceux qui les gouvernent sont les factotum d’intérêts privés. Ce que disent précisément les Gilets jaunes.
Le droit sécuritaire est donc le droit des Etats en crise, avec mise sous le boisseau libertaire des sociétés trop turbulentes. Dès 1975, Samuel Huntington, avec ses co-auteurs Michel Crozier et Joji Watanuki, disait peu ou prou la même chose. Le père du « Choc des civilisations » avait annoncé la fin inéluctable de l’Etat-providence. Cette mort ne pouvait aboutir qu’au déploiement contre ses propres populations de dispositifs de guerre.

Ce rapport, passionnant, rappelle d’abord que dès la Grèce antique, le principe même de démocratie supposait « une population marginale plus ou moins nombreuse qui ne prenait pas activement part à la politique ». Exclusion des esclaves, des pauvres, des noirs, des femmes, des étrangers. Outre cette exclusion, pour que ce système fonctionne de façon efficace, la démocratie « exige habituellement un certain degré d’apathie et de non-implication de la part de certains individus et groupes (…). En soi, cette marginalité de la part de certains groupes est intrinsèquement antidémocratique, mais elle a aussi été l’un des facteurs qui ont permis à la démocratie de fonctionner efficacement ». Or, la démocratie est devenue si inclusive désormais que « les groupes sociaux marginaux (…), deviennent maintenant des participants à part entière dans le système politique ». Au risque « de surcharger le système politique d’exigences qui étendent ses fonctions et sapent son autorité » détaille cette note.
Dans cette démocratie toujours plus inclusive, « les gens ne se sentent plus contraints d’obéir à ceux qu’ils avaient autrefois considérés comme supérieurs à eux-mêmes en âge, rang, statut, expertise, caractère ou talents. (…), la discipline s’est assouplie et les différences de statut sont devenues floues. Chaque groupe a revendiqué le droit de participer en égalité (…) aux décisions qui les concernent ».
« Faute de retenue » de la part de ces groupes jusqu’alors exclus, une déferlante d’exigences démocratiques menace alors, selon ce rapport, les structures du pouvoir, leur efficacité et leur autorité. Car les citoyens ont des « revendications » intenables. Alors glisse ce rapport, « parce qu’ils insistent pour que davantage d’actions soient prises pour résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés, plus de contrôle social est nécessaire ».

Contrôle social qui prend la forme en France de lois sécuritaires et de répressions de ces « revendications » intenables. Revendications qui portent sur l’égalité et l’effectivité de la démocratie.
La réponse sécuritaire qui est faite est au fond haine de la démocratie, telle que l’avait perçue le philosophe Jacques Rancière dans La haine de la démocratie (2005, La Fabrique). « C’est du peuple et de ses mœurs qu’ils se plaignent, non des institutions de son pouvoir ».
Au nom de la démocratie réelle, ces Gilets jaunes rejettent la démocratie formelle et la rupture d’égalité telles qu’elles ont été poussées à leur paroxysme par la pratique du pouvoir sous Emmanuel Macron. Or, c’est aussi au nom de cette « démocratie » formelle (« Le peuple, mais quel peuple » ? dira le président) qu’il est dénié à ce mouvement toute légitimité démocratique. Hiatus institutionnel et aporie démocratique indiscutables.

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Illustration : Emmanuel Macron, painted portrait. Crédit : Thierry Ehrmann

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